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La crise sanitaire va-t-elle permettre au secteur agricole de réaliser concrètement sa transition énergétique ?

La France est donc actuellement en guerre. Dans ce conflit sanitaire, les combattants en première ligne sont représentés par les médecins et le personnel soignant, admirables d’engagement et de dévotion. Mais viennent ensuite d’autres populations, qui participent également à la lutte de manière plus discrète : employés de la Grande Distribution, éboueurs, personnel d’entretien et enfin les agriculteurs.

Cette dernière catégorie bénéficie en ce moment d’un regain très net de popularité. L’heure n’est en effet plus à « l’agri-bashing », mais au contraire de nombreuses personnes au chômage partiel s’improvisent ouvrier agricole le temps d’une récolte d’asperges par exemple. Mais pour que ce soutien populaire dure au-delà de la crise sanitaire, il est nécessaire que les changements vertueux soient partagés. Nous évoquions, dans un précédent article, que l’Agriculture pouvait être l’avenir de la Transition Energétique ; le moment apparait comme idéal pour réaliser cet effort et réhabiliter durablement l’image de toute la filière.

https://www.linkedin.com/pulse/lagriculture-est-elle-lavenir-de-la-transition-nicolas-barrois

1. Demain, tous agriculteurs ?

Le 24 mars dernier, Didier Guillaume, Ministre de l’Agriculture, lançait « un appel à l’armée de l’ombre des hommes et des femmes qui n’ont plus d’activité en raison de la crise du coronavirus » afin de les exhorter à aider le monde agricole français en quête de main d’œuvre.

On estimait alors à 200 000 le nombre d’emplois à pourvoir dans le secteur et les deux ministères de l’Agriculture et du Travail agissaient de consort pour permettre le cumul, temporaire, du chômage partiel et d’une activité dite de soutien aux agriculteurs.

Contre tout-attente cet appel a été entendu ; 40 000 personnes se sont manifestées dans les 24h ayant suivi l’allocution du Ministre selon l’Express (1), et le mardi 07 avril 200 000 candidatures avaient été déposées sur la plateforme dédiée. Seule 10 621 offres demeuraient disponibles, et principalement parce que les offres d’emplois avaient été étendues à d’autres secteurs jugés prioritaires également (aide à domicile, télécoms, énergie, etc.).

L’engouement pour l’aide au monde agricole est donc une réalité et cela va nécessairement de pair avec une forme de revalorisation de l’activité et de l’ensemble de la profession.


2 . Plus que jamais la Grande Distribution « joue le jeu »

Dimanche 12 avril, sur France3, Didier Guillaume notait une nouvelle fois le « patriotisme alimentaire » de ses compatriotes qui avaient plébiscités l’agneau français et  que « la Grande Distribution avait joué le jeu » pour la mise en valeur de ce produit.

Cette tendance n’est pas nouvelle, puisque dès le 25 mars dernier, le magazine consoGlobe, spécialiste de la Grande Distribution, titrait « Confinement : les supermarchés passent aux fruits et légumes 100 % français » (2). De la même façon, sur son blog, Michel-Édouard Leclerc a ainsi annoncé stopper l’approvisionnement en asperges, tomates, concombres et fraises, de toute autre origine que française.

Et ce soutien n’est pas anodin. D’une part parce qu’il remet à l’honneur les produits français et qu’il constitue une source de revenus directe pour la filière agricole française, mais également parce qu’il peut induire un changement plus pérenne des mentalités. En effet, alors qu’on rapporte une hausse de 10 à 15% des prix des fruits & légumes dans les principales enseignes, les français acceptent et plébiscitent même, semblerait-il, ce nouveau mode de fonctionnement.

Remis là encore sur le devant de la scène médiatique et valorisés dans leurs activités, les agriculteurs français voient leur cote de popularité grimper. Pour éviter que cela ne s’essouffle, il leur est nécessaire de modifier structurellement leur approche et de répondre aux attentes des consommateurs.

3. Quelles actions concrètes ?

Il est donc temps de mettre en œuvre des actions concrètes qui démontreront, selon un prisme nouveau, l’excellence de l’Agriculture en France.

  1. Tout d’abord rappelons-nous que, contrairement à tous les autres secteurs et notamment l’Industrie, l’Agriculture représente un puits de carbone. En effet de nombreuses techniques, tels les semis sous couverts ou l’implantation de haies, permettent de capter du CO2 atmosphérique. On ne parle pas alors de « réduire des émissions », mais bien de réduire la quantité de carbone dans l’atmosphère via la photosynthèse.
  2. Ensuite il existe de nombreuses pistes d’économies d’énergie dans le secteur agricole, dont plusieurs sont valorisables via les CEE.
  3. Le mécanisme des Certificats d’Economies des Produits Phytopharmaceutiques (CEPP) doit permettre à l’Agriculture Française de limiter sa consommation de ce type de substances, reproche communément adressé par le grand public.
  4. Enfin nous avons déjà abordé dans une précédente publication la possibilité de valoriser certains produits agricoles, comme les déchets ligno-cellulosiques, dans le cadre de la production de biocarburants.

*https://www.linkedin.com/pulse/biofuels-quand-lh%C3%A9t%C3%A9rog%C3%A9n%C3%A9it%C3%A9-des-r%C3%A8gles-europ%C3%A9ennes-perturbe

Les pistes pour rendre durablement le secteur agricole plus vertueux vis-à-vis de la lutte contre le réchauffement climatiques sont nombreuses. Mais cette période de « lune de miel » médiatique, où les agriculteurs sont à juste titre valorisés, est propice à engager des changements plus profonds. L’agri-bashing sera alors enterré et l’Agriculture française sera reconnue à la fois pour l’excellence de ses produits mais également pour son effet bénéfique sur le climat.

Contact : nicolas.barrois@dekkha.com

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